Le drapeau canadien

Histoire du drapeau

 

Affiche sur l’histoire du drapeau canadien

 

Introduction

Ce document est un survol des différentes étapes qui ont mené à l’adoption du drapeau canadien. Dans la première partie, nous nous intéressons plus particulièrement aux positions respectives des deux principaux protagonistes, Lester B. Pearson et John D. Diefenbaker. Dans la seconde partie de ce document, nous avons tiré des extraits de livres de ceux qui ont vécu de près les événements de cet épisode de l’histoire du Canada.


Les premières démarches
Le fanion de Pearson
Le débat sur le drapeau
Le rapport du comité special et le vote libre
Reconnaissance officielle du nouveau drapeau
Une demande de dernière minute
Ce qu’ils ont dit au sujet de l’adoption d’un drapeau canadien
Bibliographie

 


 

Les grandes étapes qui ont mené à l’adoption du drapeau canadien

De 1867 à 1965, le Canada était représenté par différentes versions du Red Ensign. Il s’agissait d’un drapeau sur fond rouge avec le symbole de l’Union britannique (Union Jack) et les armoiries du Canada. Au cours des années, les armoiries qui apparaissent sur le drapeau se transforment avec l’ajout de nouvelles provinces et l’accession du Canada à l’indépendance en 1931.

La recherche pour un drapeau proprement canadien débute en 1925. Le premier ministre William Lyon Mackenzie King demande à un comité d’étudier différents modèles. Les députés de la Chambre des communes débattent pendant un an sur l’idée de conserver ou non les symboles d’allégeance à la Couronne britannique, mais sans succès.

En 1946, Mackenzie King revient à la charge avec un autre comité qui propose un drapeau rouge portant le symbole de l’Union Jack et la feuille d’érable. Les dissensions sont fortes au sein de la députation. D’anciens combattants tiennent à conserver le Red Ensign, tandis que des nationalistes canadiens souhaitent que le pays se dote d’un drapeau avec une identité proprement canadienne. À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le premier ministre Mackenzie King ordonne dans un arrêté ministériel que les édifices publics arborent le Red Ensign.

En 1960, l’adoption d’un drapeau revient dans l’actualité. Il s’agit d’un élément de la plateforme électorale du Parti libéral du Canada de 1962 :

[traduction] Adopter un drapeau et un hymne typiquement canadien : Dans les deux premières années de son arrivée au pouvoir, un nouveau gouvernement libéral présentera au Parlement un modèle de drapeau qu’on ne pourra pas confondre avec l’emblème d’un autre pays. Lorsqu’adopté, il deviendra le drapeau du Canada.

Dans ses mémoires, Lester B. Pearson croyait fermement que l’adoption de symboles nationaux canadiens contribuerait à renforcer l’unité nationale :

[traduction] Pour moi, le drapeau faisait partie d’un plan délibéré pour renforcer l’unité nationale, pour améliorer les relations fédérale-provinciale, pour concevoir une constitution plus appropriée et pour se protéger contre un mauvais genre d’influence américaine. Notre objectif était de développer des symboles nationaux qui nourriraient notre fierté, notre confiance et notre foi envers le Canada. Le drapeau était une promesse précise dans notre campagne électorale, même l’échéancier était défini. Nous avions promis qu’au cours de nos deux premières années au pouvoir, nous présenterions au Parlement un modèle de drapeau typiquement canadien. Je m’y étais fortement engagé, politiquement et personnellement.

Le premier ministre Pearson présente son projet à son caucus au début de 1964. Il n’y a pas d’opposition, bien que certains députés doutent de la pertinence d’aller de l’avant avec cette initiative controversée. Mitchell Sharp, qui était ministre du Commerce à l’époque, explique pourquoi il était réticent :

[traduction] J’admets que cela m’a pris du temps avant de trouver cette idée enthousiasmante. Ce n’est pas que j’y étais opposé, je trouvais simplement que l’idée d’un drapeau canadien allait être très controversée, et qu’il y avait déjà suffisamment de controverse. Je me disais qu’un drapeau pouvait attendre. Cependant, graduellement, j’ai été convaincu de l’importance de ce dossier.

John Pickersgill, qui était ministre des Transports, se questionnait sur la réaction du premier ministre de Terre-Neuve, Joey Smallwood. Tout comme Smallwood, Pickersgill voulait que l’Union Jack demeure un des symboles du Canada. De plus, Pickersgill craignait que cette initiative entraîne la défaite du gouvernement libéral :

[traduction] Nous avions peur que le projet de drapeau fasse tomber le gouvernement minoritaire. Je m’inquiétais de la réaction de Terre-Neuve et j’appuyais fortement la proposition de Pearson voulant que lorsque l’on demanderait au Parlement d’approuver un nouveau drapeau, que l’Union Jack soit reconnu officiellement en tant que symbole de la place du Canada dans le Commonwealth.

 


 

Le fanion de Pearson

Le 17 mai 1964, Lester B. Pearson lance officiellement son projet devant un auditoire composé de membres de la Légion royale canadienne, à Winnipeg. Certains vétérans, qui avaient combattu sous le Red Ensign lors des deux derniers conflits mondiaux, expriment leur mécontentement par des huées bien senties. Le 28 mai 1964, le gouvernement introduit à la Chambre des communes une résolution pour que le Canada adopte un drapeau national. Il est également énoncé que l’Union Jack peut continuer à être arboré :

Que le gouvernement soit autorisé à prendre les mesures nécessaires pour établir officiellement, à titre de drapeau du Canada, un drapeau incorporant l’emblème proclamé par Sa Majesté le Roi George V le 21 novembre 1921, – trois feuilles d’érable réunies sur une même tige,– aux couleurs rouge et blanche alors désignées pour être les couleurs du Canada, les feuilles rouges étant placées sur champ blanc entre deux bandes bleues bordant verticalement le drapeau, et pour décréter que le « Royal Union Flag », communément appelé l’Union Jack, peut continuer à être arboré comme symbole de l’adhésion du Canada au Commonwealth des Nations et de notre allégeance à la Couronne. – Le premier ministre.

Le drapeau dont fait état la résolution était celui que Pearson préférait. Ce modèle est communément appelé le Pearson Pennant (Figure 1).

 

 

Figure 1 : Le Pearson Pennant

Source : CBC Radio, The Great Canadian Flag Debate, 9 février 2012.

Les deux bandes bleues représentaient les deux océans limitant le Canada. En cela, il répondait aux motivations de Pearson, qui voyait dans le drapeau un outil de renforcement de l’unité nationale :

[traduction] Je savais très bien quel drapeau je préférais, et j’ai fait en sorte que la Poste présente quelque chose de semblable sous forme de timbre. Ma première idée de drapeau, et ma favorite, présentait des barres bleu clair en haut et en bas avec une feuille d’érable rouge sur fond blanc. Mais apparemment, cela n’avait pas de signification héraldique ou toute autre signification nationale, et les experts ne pouvaient pas l’accepter.

De son côté, le chef de l’opposition, John Diefenbaker, s’opposait tout simplement à l’adoption d’un nouveau drapeau. Il estimait que le Canada en avait déjà un, le Red Ensign :

[traduction] Le Canada avait un drapeau. Il avait flotté audessus du quartier général du Corps canadien en France en 1918. Lors d’une réunion du Cabinet de Mackenzie King le 27 octobre 1943, il a été décidé que notre armée devait hisser le Red Ensign canadien partout où les Forces canadiennes servaient aux côtés des forces d’autres pays. Il a été reconnu officiellement comme drapeau du Canada par décret en 1945.

Diefenbaker s’oppose également à la démarche employée par Pearson. Il reproche au premier ministre de ne pas avoir consulté suffisamment les partis d’opposition. Quant aux représentations graphiques apparaissant sur un éventuel drapeau, il estimait que le Canada « [traduction] devrait être représenté par un drapeau contenant l’Union Jack et le fleur de lis ».

Le débat sur le drapeau à la Chambre des communes débute le 15 juin 1964 jusqu’au 3 juillet. Il reprend en août jusqu’au 10 septembre. Les échanges sont virulents et acerbes. Jean Chrétien, nouvellement élu à la Chambre des communes, fait état de l’atmosphère qui régnait à l’époque :

Il y avait du fanatisme chez les bleus; leur opposition à l’adoption d’un drapeau canadien relevait franchement de l’émotivité. Je n’oublierai pas les scènes disgracieuses qui avaient marqué le débat à la Chambre des communes. Tout cela pour protester contre une décision dont tous les Canadiens sont si fiers aujourd’hui. Peut-être était-ce le traumatisme nécessaire à la nation pour qu’elle devienne adulte?

 


 

Le débat sur le drapeau

Le débat sur le drapeau met à jour les dissensions profondes au sein du caucus conservateur. En coulisse, les huit députés conservateurs du Québec favorisent l’adoption d’un drapeau qui ne fait ni référence au Red Ensign, ni à la fleur de lis. Léon Balcer, qui avait occupé différents postes ministériels sous les gouvernements de John G. Diefenbaker entre 1957 et 1962, fait état des tensions entre les députés francophones et anglophones de son parti à cette époque :

À chaque caucus, nous, députés du Québec, avons plaidé pour la reconnaissance du droit des francophones tout comme des anglophones de faire partie d’un Canada moderne qui aurait cessé d’être le vassal d’aucun autre pays quel qu’il puisse être. (…) Après s’être pris aux cheveux dans nos réunions internes, nous devions l’air de rien, gagner notre banquette commune en Chambre d’où nous prononcions des discours totalement contraires. Pendant les mois qu’a duré le débat sur le drapeau, nous n’avons pas échangé un seul mot en Chambre.

Dans ses mémoires, Diefenbaker n’est pas tendre envers les huit députés conservateurs du Québec. Il les accuse d’avoir refusé de négocier un compromis sur la question du drapeau pour des considérations électoralistes :

[traduction] Par contre, nos huit collègues du Québec, sous la direction de Balcer, refusaient tout accommodement avec le reste du caucus. Tout drapeau contenant l’Union Jack était une abomination pour eux. Nous ne pouvions pas trouver de terrain d’entente. Ils disaient que le fleur de lis n’avait aucune importance au Québec. Ils disaient que la conséquence de la position conservatrice serait que tous les candidats conservateurs seraient éliminés au Québec à la prochaine élection.

Le débat parlementaire sur la création d’un drapeau se trouve dans une impasse au début du mois de septembre 1964. Lester B. Pearson ne bronche pas. L’ancien diplomate est déterminé à ce que le Parlement du Canada se dote d’un nouvel emblème national :

[traduction] J’étais déterminé. Je n’avais pas peur des conséquences. J’allais faire en sorte que cela se fasse et qu’un drapeau soit adopté par le Parlement.

 


 

Le rapport du comité special et le vote libre

Pearson et Diefenbaker s’entendent sur la création d’un Comité spécial sur le drapeau. Il est composé de 15 membres issus des différents partis : sept Libéraux, cinq Conservateurs, un du Ralliement créditiste, un du Nouveau Parti démocratique et un du Crédit social. Le Comité écarte des milliers d’esquisses soumises par la population et n’en garde que trois. Le 29 octobre 1964, après 45 réunions, le Comité dépose un rapport où il recommande l’adoption d’un drapeau orné d’une feuille d’érable rouge stylisée sur un carré blanc avec des bordures rouges, sans référence au Red Ensign ou à la fleur de lis. Le modèle avait été proposé par le Dr George Stanley, doyen de la Faculté des lettres du Collège militaire royal du Canada, à Kingston. Précisons que le Dr Stanley était un bon ami du député libéral John Matheson, qui était membre du Comité spécial sur le drapeau. Dans son ouvrage sur le drapeau publié en 1986, Matheson fait état d’une rencontre déterminante entre lui et Stanley survenue un an auparavant, en 1963 :

[traduction] Je me souviens particulièrement d’avoir été debout aux côtés de George Stanley et de regarder le drapeau du Collège militaire royal qui claquait avec force audessus de l’édifice Mackenzie, l’un des édifices du Collège à Kingston. Ce drapeau avait trois barres verticales rouge-blanche-rouge, avec l’emblème du Collège (un poing ganté tentant trois feuilles d’érable) sur la barre blanche du centre. Nous venions de sortir du mess du Collège et M. Stanley a dit, « John, voilà votre drapeau ».

Après le dépôt du rapport du Comité spécial sur le drapeau, les débats se poursuivent à la Chambre des communes. Aucun consensus n’est atteint. Le 11 décembre 1964, le député conservateur Léon Balcer demande au gouvernement de déposer une motion de clôture pour clore le débat. À 2h15 du matin, le 15 décembre 1964, un vote libre est pris sur l’adoption du drapeau unifolié rouge et blanc. Le motif proposé par le Comité spécial sur le drapeau est accepté par 163 députés contre 78. Les députés libéraux entonnent l’hymne national « Ô Canada » à l’intérieur de la Chambre des communes. La répartition des votes par parti se présente de la façon suivante :

 

Pour

Parti libéral du Canada : 125
Parti progressiste conservateur : 6
Crédit social : 19
Nouveau Parti démocratique : 13

Contre

Parti libéral du Canada : 1
Parti progressiste conservateur : 73
Crédit social : 3
Nouveau Parti démocratique : 1

 


 

Reconnaissance officielle du nouveau drapeau

La Proclamation royale est signée par Sa Majesté la reine Elizabeth II le 28 janvier 1965. Le drapeau unifolié rouge et blanc est hissé pour la première fois le 15 février 1965 sur la Colline du Parlement. Trente ans plus tard, lors de la cérémonie de commémoration du trentième anniversaire du drapeau canadien, le premier ministre Jean Chrétien se remémore cette journée :

[traduction] Je pense que quelque chose de magique s’est produit lors de cette journée froide il y a 30 ans lorsque Lester Pearson a hissé notre drapeau pour la première fois. Parce qu’en très peu de temps, le drapeau est devenu un symbole adopté par tous. Il est devenu le symbole non pas d’un gouvernement, d’un parti ou d’une élite, mais de tous. Tranquillement, avec confiance, naturellement, les Canadiens en ont fait leur drapeau.

Gordon Robertson, qui était greffier du Conseil privé à l’époque, assistait à la cérémonie. Il souligne l’émotion qui étreignait John Diefenbaker lors de la cérémonie :

[traduction] Ensuite, à l’extérieur, sur la Colline du Parlement, on a descendu le Red Ensign et on a hissé le nouveau drapeau rouge et blanc à la feuille d’érable. Tout au long de la cérémonie,  Diefenbaker a versé de vraies larmes, car l’ancien drapeau et ses symboles étaient aussi importants pour lui que le nouveau symbolisme l’était pour Pearson.

Le gouvernement libéral n’avait pas encore tourné la page complètement sur la question du drapeau. Gordon Robertson rapporte dans ses mémoires une anecdote au sujet de la couleur du drapeau. Il remarque qu’elle n’est pas la même d’un endroit à l’autre :

[traduction] En mai, trois mois après avoir hissé le nouveau drapeau, (…) j’ai été encouragé de voir combien de nouveaux drapeaux à la feuille d’érable flottaient. Ce fut un choc, cependant, de voir une diversité déconcertante de couleurs, allant de l’orange pâle au rouge vif, jusqu’à un pourpre affreux.

Pearson demande à Gordon Robertson de corriger la situation le plus rapidement possible. Le haut fonctionnaire demande à la Division de physique appliquée du Conseil national de recherches du Canada d’identifier avec précision les couleurs du drapeau nouvellement adopté. Le 1er juin 1966, des normes précises sont adoptées par le Cabinet quant aux couleurs à utiliser pour la fabrication et l’impression du drapeau canadien.

Après son retrait de la vie politique, Lester B. Pearson a reçu une abondante correspondance au sujet du drapeau. Certains ont salué son audace d’avoir donné un emblème spécifique au Canada. D’autres l’ont accusé d’avoir été « un traître à nos traditions et notre histoire, et de s’être vendu au Québec ». Dans le dernier volume de ses mémoires, Pearson rejette ces critiques du revers de la main. Il se dit fier d’avoir été impliqué de près dans le développement de ce symbole canadien :

[traduction] Nous avions enfin un drapeau canadien. Je suis très fier d’y avoir été associé. Mais je ne sens pas, et je n’ai jamais senti, que j’ai manqué de loyauté ou de respect envers l’Union Jack et tout ce qu’il représentait lorsque j’ai fait la promotion d’un nouveau drapeau et que j’ai participé à sa création. Le temps était venu d’avoir un emblème typiquement canadien.

Du côté de Diefenbaker, les plaies sont demeurées vives, même 12 ans après que l’unifolié ait été hissé pour la première fois sur la Tour de la Paix. Dans ses mémoires publiés en 1977, il persistait sur le fait que l’initiative de Pearson avait été un facteur de division :

[traduction] M. Pearson a fait faire au Canada un pas de plus vers la fragmentation en imposant son drapeau au Parlement. Il a totalement refusé de laisser les Canadiens décider s’ils voulaient changer de drapeau, et s’ils le voulaient, quel drapeau ils aimeraient avoir.

En 1996, le 15 février était déclaré le Jour du drapeau national du Canada. Cette date nous rappelle ce jour de 1965 où le drapeau rouge et blanc arborant la feuille d’érable a été hissé pour la première fois sur la Colline du Parlement. Pour célébrer ce jour spécial dans l’histoire du Canada, un drapeau de la Tour de la Paix est remis chaque année à un ou plusieurs Canadiens incarnant les valeurs chères à notre pays.

 


 

Une demande de dernière minute

L’histoire a retenu la date du 15 février 1965 comme étant un moment de grande importance pour le Canada. Il s’agit de la journée où l’unifolié rouge et blanc est devenu notre drapeau national et où il fut hissé pour la toute première fois au sommet de la Tour de la paix, sur la Colline parlementaire.

Pour Joan O’Malley, le 6 novembre 1964 est une date toute aussi importante, puisque c’est le jour où son père lui a demandé de faire un travail de couture inattendue qu’elle n’oubliera jamais.

Une tempête de neige était tombée sur la capitale et O’Malley venait de rentrer du travail avec son mari Brian et s’attendait à passer une soirée tranquille.

Mais son père, Ken Donovan, un directeur adjoint des achats avec la Commission des expositions du gouvernement du Canada, a contacté sa fille de 20 ans, à l’époque, avec une demande urgente.

Il lui a demandé si elle pouvait coudre, avec sa machine à coudre de marque Singer, d’ici le lendemain matin, les trois prototypes qui avaient été choisis comme finalistes pour devenir le nouvel emblème du Canada.

Le premier ministre Lester B. Pearson avait demandé à ce que les trois prototypes qui étaient en cours d’examen soient livrés au 24, promenade Sussex en matinée pour qu’il puisse les voir hissés sur des mats à sa résidence officielle secondaire du lac Harrington.

Joan O’Malley a fait le nécessaire pour que cela soit possible, sans frais. 50 ans plus tard, le 6 novembre 2014, le gouvernement du Canada a voulu reconnaître Madame O’Malley, maintenant âgée de 70 ans, pour son important travail dans le cadre d’une cérémonie sur la colline du Parlement.

Un grand merci à Joan O’Malley, une canadienne dévouée qui a marqué l’histoire de notre drapeau
national!

 


 

Ce qu’ils ont dit au sujet de l’adoption d’un drapeau canadien…

[traduction] Après avoir pris sa retraite de la vie publique, lorsque Pearson repensait à ses réalisations, il disait fréquemment que l’arrivée d’un drapeau typiquement canadien avait été l’acte qui lui avait donné le plus de fierté et de satisfaction. En effet, le nouveau drapeau est devenu le symbole de la fierté croissante que les Canadiens ressentaient pour leur pays, et qui a mené à l’éruption patriotique lors du centenaire du pays.

Bruce Thordarson, Lester Pearson. Diplomat and Politician, Oxford University Press, Toronto, 1974, p. 164.

[traduction] Pearson lui-même peut s’attribuer du mérite pour l’accord obtenu sur un nouveau drapeau canadien, après un long débat amer au Parlement. Ce symbole du nouveau Canada sera un hommage durable à sa mémoire.

Walter L. Gordon, A Political Memoir, McClelland and Stewart, Toronto, 1977, p. 218. (Ministre des Finances dans le gouvernement Pearson).

L’adoption du drapeau canadien a coûté des mois d’obstruction stupide et de filibuster, un débat d’une bêtise abyssale. On a peine à croire en lisant, dans le Journal des débats, le texte de certaines interventions, que des élus du peuple puissent débiter pareilles calembredaines. Certains députés conservateurs de l’Ouest ne dissimulent même plus le racisme antifrançais qu’ils avaient l’habitude de maquiller soigneusement.

Gérard Pelletier, Le temps des choix 1960-1968, Les Éditions Stanké, Montréal, 1986, p. 190. (Député libéral en 1965).

Tous les Canadiens français vibraient d’un grand espoir que le reste du Canada ne pouvait plus ignorer. Il était évident pour tous que les gens de bonne volonté ne pouvaient qu’applaudir à cet éclatement d’un système qui avait vécu. Le premier ministre Pearson décida de canaliser cet enthousiasme en posant un geste que l’immense majorité des Canadiens français réclamait depuis des années : un drapeau canadien débarrassé de tout symbole qui rappelait le passé colonial de notre pays.

Léon Balcer, Léon Balcer raconte, Septentrion, Québec, 1988, p. 130. (Député conservateur en 1965).

[traduction] C’est un hommage au bon jugement de Pearson que, en rétrospective, l’adoption du drapeau canadien se démarque comme étant l’une de ses plus grandes réalisations au pouvoir. Le jour où le nouveau drapeau aux deux couleurs canadiennes officielles, le rouge et le blanc, avec une feuille d’érable au centre a été hissé sur la Colline du Parlement, nous sommes devenus un peu plus un pays, plus unis, et plus conscients de notre identité distincte.

Mitchell Sharp, Which Reminds Me… A Memoir, University of Toronto Press, Toronto, 1994, p. 125. (Ministre du Commerce dans le gouvernement Pearson).

[traduction] C’est peut-être symbolique des années Pearson que la plus grande animosité entre les partis ait été causée par la tentative des libéraux d’imposer l’adoption d’un nouveau drapeau par la voie d’une résolution au Parlement. Le Canada avait déjà un drapeau sous lequel le pays s’était battu et qui était aimé non seulement par les vétérans des deux guerres mondiales, mais aussi par des millions de Canadiens ordinaires. Par contre, d’autres ne l’acceptaient pas parce que c’était un héritage colonial et représentait trop le côté britannique de notre héritage.

David J. Walker, Fun Along the Way. Memoirs of Dave Walkers, Robertson Press, Toronto, 1989, p. 216. (Ministre des Travaux publics dans le gouvernement Diefenbaker).

[traduction] Le drapeau et l’Ordre du Canada avaient leur place évidente dans cet effort pour donner aux Canadiens des symboles communs de l’unité nationale qui n’étaient pas liés à nos différences ethniques, linguistiques ou régionales. Voilà des choses qui, à long terme, allaient nous réunir, et non nous diviser.

Gordon Robertson, Memoirs of a Very Civil Servant. Mackenzie King to Pierre Trudeau, University of Toronto Press, Toronto, 2000, p. 246.

 


 

Bibliographie

Archbold, Rick, I Stand for Canada. The Story of the Maple Leaf Flag, Macfarlane Walter & Ross, Toronto, 2002, 185 p.
Balcer, Léon, Léon Balcer raconte, Septentrion, Québec, 1988, 150 p.
Chrétien, Jean, Dans la fosse aux lions, Les Éditions de l’Homme, Montréal, 1994, 241 p.
Diefenbaker, John G., One Canada, Memoirs of the Right Honourable John G. Diefenbaker. The Tumultuous Years 1962-1967, Macmillan of Canada, Toronto, 309 p.
Gordon, Walter L., A Political Memoir, McClelland and Stewart, Toronto, 1977, 395 p.
Matheson, John R., Canada’s Flag, A Search for a Country, Mika Publishing Company, Belleville, 1986, 275 p.
National Liberal Federation, The Liberal Programme. General Election – 1962, Ottawa, 1962, 35 p.
Pearson, Lester B., Mike. The Memoirs of the Right Honourable Lester B. Pearson. Volume 3 1957-1968, Toronto, University of Toronto Press, Toronto, 1975, 338 p.
Pelletier, Gérard, Le temps des choix 1960-1968, Les Éditions Stanké, Montréal, 1986, 384 p.
Pickersgill, John, Seeing Canada Whole. A Memoir, Fitzhenry & Whiteside, Markham, 1994, 858 p.
Premier ministre Jean Chrétien, Discours prononcé à la cérémonie du 30e anniversaire du drapeau canadien, Ottawa, 15 février 1995.
Robertson, Gordon, Memoirs of a Very Civil Servant. Mackenzie King to Pierre Trudeau, University of Toronto Press, Toronto, 2000, 407 p.
Sharp, Mitchell, Which Reminds Me… A Memoir, University of Toronto Press, Toronto, 1994, 288 p.
Thordarson, Bruce, Lester Pearson. Diplomat and Politician, Oxford University Press, Toronto, 1974, 245 p.
Walker, David J., Fun Along the Way. Memoirs of Dave Walkers, Robertson Press, Toronto, 1989, 245 p.

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